Les professeurs de médecine Philippe Even et Bernard Debré, auteurs duGuide des 4000 médicaments utiles, inutiles et dangereux demandent la suspension immédiate de 56 médicaments commercialisés en France, car ils sont inefficaces, inutiles (quand il existe des traitements plus efficaces ou moins risqués), voire dangereux. Ces 56 produits «sont à retirer dans l’intérêt des malades, sans tenir aucun compte de l’impact industriel ou des chantages à l’emploi», affirme l’ouvrage. Le laboratoire Servier, touché par le scandale du Mediator, est le plus cité dans cette liste.
Voici la liste des médicaments concernés, classés par domaines.
Cancérologie: Avastin (laboratoire Roche). Ce médicament utilisé contre plusieurs types de cancers est un antiangiogène, qui agit contre les tumeurs en empêchant la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins. Plusieurs assurances privées aux États-Unis et le système de santé public britannique refusent de rembourser ce traitement extrêmement coûteux, arguant qu’il ne soigne aucun cancer et ne permet au mieux que d’augmenter de quelques mois l’espérance de vie, avec des effets secondaires sur le système cardiovasculaire qui peuvent être très graves.
Rhumatologie: Protelos (laboratoire Servier). Ce traitement contre l’ostéoporose du groupe Servier fait l’objet d’une procédure de surveillance spéciale de la part des autorités de santé françaises car il est soupçonné d’augmenter le risque d’embolies pulmonaires, avec 8 décès à ce jour.
Hexaquine et Quinine Vit. C. (lab. Goménol), et Okimus (Biocodex). Ces produits à base de quinine, ancien traitement contre le paludisme désormais obsolète, sont utilisés contre les crampes musculaires, avec une efficacité que les auteurs considèrent comme mauvaise.
Neurologie: Parlodel (Pfizer), Requip (GSK), Tasmar (Meda Pharma): ces médicaments utilisés contre la maladie de Parkinson ont une efficacité que les auteurs qualifient de faible, avec des effets secondaires qui vont de «manifestations d’hypersexualité explosive et dangereuse» à l’addiction au jeu.
Antidépresseurs et psychostimulants: Ritaline (Novartis), Concerta(Janssen-Cilag). Sur ces deux psychostimulants, la prescription de la ritaline pour les troubles de l’attention chez l’enfant est controversée.
Tofranil (CSP), Anafranil (Sigma-Tau), Surmontil (Sanofi), Stablon (Servier). D’après le guide, les antidépresseurs présentent des risques importants d’accidents psychiatriques (hallucinations, violences, suicides). (14)
Gynécologie: La liste contient 16 pilules anticonceptionnelles macrodosées ou microdosées de 3e et 4e générations, ou purement progestatives, qui provoquent plus de phlébites et d’embolies pulmonaires que les pilules de 2e génération.
Cérazette, Nuvaring, Cycleane, Mercilon, Varnoline (Schering-Plough),Qlaira, Melodia, Jasmine-Jasminelle, Yaz (Bayer), Evra (Janssen-Cilag),Triafemi, Carlin, Holgyeme (Effik), Felixita (Theramex), Minesse (Wyeth),Belara (Grünenthal).
Antidiabétiques: Byetta (Lilly), Victoza (Novo Nordisk). Risques importants pour ces deux molécules, qui provoqueraient des «complications multiples».
Galvus et Eucreas (Novartis), Januvia et Janumet (MSD), Xelevia et Velmetia (Pierre Fabre), Trajenta (Boehringer) et Onglyza (Bristol-Myers Squibb). Ces médicaments de la classe des gliptines seraient «sans efficacité», d’après les auteurs.
Cardiovasculaire: Quatre vasodilatateurs coronaires et artériels: Adancor(Serono), Ikorel (Sanofi), Vastarel et Trivastal (Servier). Procoralan (Servier), prescrit contre l’anti-insuffisance cardiaque. Un antiarythmique:Multaq (Sanofi). D’après LeNouvel Observateur qui cite les auteurs: «Les vasodilatateurs, l’anti-insuffisance cardiaque et l’antiarythmique cités sont inutiles et présentent des des complications cardiaques multiples.»
Deux anti-anticoagulant et anti-agrégant: Ticlid (Sanofi), Pradaxa (Boehringer): le guide propose de les remplacer par des molécules plus anciennes, aussi efficaces mais moins dangereuses, comme l’aspirine, le plavix et les héparines.
Antitabac: Champix (Pfizer), Zyban (GSK): les auteurs affirment que ces deux produits n’ont rigoureusement aucun effet positif pour aider les fumeur à arrêter de fumer.
Anti-inflammatoires: Indocid (MSD), Nexen (Therabel), Ketum en pommade (Ménarini), Celebrex (Pfizer), Arcoxia (MSD). Le guide propose de les remplacer par d’autres molécules anti-inflammatoires présentant moins d’effets secondaires. Le Ketum en pommade, utilisé pour traiter entorses et tendinites, pourrait entraîner des brûlures graves en cas d’exposition au soleil.
Stimulant respiratoire: Vectarion (Servier). Selon le Pr Philippe Even, le Vectarion présente «moins d’intérêt qu’une tasse de café, et il est bien plus dangereux».