cordonnier, nains

Le cordonnier et les deux nains

Il était une fois un cordonnier qui habitait une grande ville d’Allemagne. Il était le meilleur cordonnier du monde. Pourtant, seules quelques personnes poussaient la porte de son petit magasin. En effet, les gens préféraient se rendre dans un grand magasin où ils pensaient trouver de meilleures chaussures.


Le cordonnier vendit donc de moins en moins de chaussures et devint si pauvre qu’un jour il lui resta juste assez d’argent pour acheter le cuir d’une paire de chaussures.
Fronçant fortement les sourcils, il alla dans la salle à manger où sa femme était justement en train de raccommoder son plus beau costume.
– Avec cet argent, j’achèterai le meilleur cuir que je trouverai, dit-il à sa femme, et je confectionnerai les plus jolies chaussures que tu aies jamais vues. Je ferai de mon mieux et même plus! C’est peut-être la dernière paire que je pourrai faire, car lorsque j’aurai dépensé cet argent, il ne nous restera plus rien.
– Comment mangerons-nous? demanda sa femme avec inquiétude.
Le cordonnier haussa tristement les épaules.
– Je n’en ai aucune idée, soupira-t-il. Qui vivra verra! En tout cas, je vais d’abord au marché. Au revoir! A tout à l’heure! Il enfila son costume usé et partit au marché. Après avoir longuement cherché, il trouva un magnifique morceau cuir souple et brillant. Il coûtait très cher, exactement la somme qui restait au cordonnier dans sa bourse. Il acheta néanmoins le morceau de cuir et, tout content, il s’en retourna chez lui. Le soir même, il découpa avec soin deux très belle formes dans le cuir : un modèle droit et un modèle gauche. Il y avait juste assez de cuir pour confectionner deux magnifiques chaussures.
– Je les finirai demain, dit-il à sa femme. Maintenant, il est trop tard. Allons d’abord nous coucher.


Le lendemain matin, le cordonnier se rendit dans son atelier après avoir déjeuné. Quelle ne fut pas sa surprise de trouve les nouvelles chaussures fin prêtes sur son établi. Le cordonnier les examina sous toutes les coutures, mais ne trouva aucun défaut! Les chaussures étaient magnifiques. C’était la plus belle paire de chaussures qui soit jamais entrée dans son magasin. Heureux et fier, le cordonnier les exposa dans la vitrine à la vue de tous. Moins d’une heure plus tard, elle étaient déjà vendues à une dame distinguée.
– Regarde combien je les ai vendues, dit le cordonnier, enchanté, à sa femme.
Il ouvrit la main et lui montra cinq pièces d’or.
Avec cette somme, je pourrai acheter au marché le cuir de deux paires de chaussures ! Peut-être même qu’il nous restera encore assez d’argent pour faire un bon repas. Je vais vite voir. A tout à l’heure!
Il embrassa sa femme, tout joyeux et s’en fut.
Le soir même, il découpa le modèle de deux paires de chaussures dans le cuir qu’il avait acheté au marché et les laissa à nouveau inachevées sur son établi.


Le lendemain, deux magnifiques paires de chaussures se trouvaient fin prêtes sur son établi. Elles étaient si belles qu’elles semblaient être l’œuvre d’un maître cordonnier. Tous les points étaient parfaits.
Très vite, le cordonnier vendit ces deux paires pour plus d’argent qu’il n’en avait gagné de toute sa vie. De nouveau, il repartit sans attendre au marché et acheta du cuir magnifique pour quatre paires de chaussures. Le soir même, il découpa soigneusement les quatre paires de chaussures dans le joli cuir.
J’ai vraiment envie de les commencer tout de suite, dit-il à sa femme, d’un air enthousiaste, mais je vais quand même attendre demain matin. Allons nous coucher.


Lorsque le cordonnier entra dans son atelier le lendemain matin, quatre magnifiques paires de chaussures l’attendaient à nouveau sur son établi.
Le scénario se répéta jour après jour. Chaque matin, le cordonnier trouvait sur son établi, prêtes à être vendues, les chaussures qu’il avait découpées la veille. Il les vendait facilement, car elles étaient si jolies que tout le monde en parlait. Désormais, la moitié de la ville en portait et le cordonnier s’enrichit peu à peu. Sa femme et lui pouvaient maintenant s’acheter de jolis vêtements et faisaient chaque jour de la semaine des repas dignes du dimanche. Ils étaient donc très heureux car c’étaient de braves gens. Pourtant, le cordonnier ne cessait de se poser des questions.
– Je voudrais bien savoir qui confectionne ces chaussures pendant la nuit, dit-il un jour à sa femme. Que dirais-tu si nous nous cachions cette nuit derrière l’armoire de l’atelier? Nous pourrions ainsi voir qui nous a si bien aidés et nous pourrions peut-être l’en remercier.
Sa femme approuva cette idée, car elle était très intriguée, elle aussi.


Le soir même, tous deux se cachèrent derrière l’armoire. Ils attendirent longtemps mais, à minuit précis, ils entendirent des bruits derrière la plinthe. Deux petits hommes nus apparurent. Ils sautèrent immédiatement sur l’établi et se mirent à coudre et à marteler de bon cœur avec leurs petits doigts. Ils ne s’arrêtèrent qu’une fois tout le cuir travaillé et les chaussures brillantes alignées sur l’établi. Ils retournèrent ensuite derrière la plinthe.
Le lendemain matin, gémissants et engourdis, le cordonnier et sa femme sortirent de leur cachette.
– Ça alors! Comme ils travaillent vite! dit le cordonnier à sa femme avec étonnement. Et comme ces chaussures sont belles! Comment pourrais-je un jour remercier ces hommes?
– J’ai une idée, répondit sa femme, les yeux brillants. Ces pauvres petits hommes seront sûrement transis de froid pendant l’hiver. Ils n’ont manifestement ni vêtement, ni bas, ni chaussures. Je vais leur coudre à chacun des sous-vêtements du meilleur lin ainsi qu’un joli costume dans la meilleure des étoffes et je leur tricoterai aussi des petits bas. Tu leur feras une jolie paire de chaussures. De cette manière, ils ne souffriront plus jamais du froid pendant l’hiver.
Le cordonnier approuva et, le soir même, ils déposèrent sur l’établi deux paires de sous-vêtements, deux magnifiques petits costumes, deux paires de bas et deux petites paires de chaussures.


Le cordonnier et sa femme se dissimulèrent à nouveau derrière l’armoire et, à minuit précis, les petits bonshommes sortirent à nouveau de derrière la plinthe. Ils regardèrent avec étonnement les petits vêtements, les bas et les petites chaussures, car ils s’attendaient une nouvelle fois à trouver du cuir. Ils ramassèrent avec prudence les petites affaires et les admirèrent sous toutes les coutures.
Heureux, ils enfilèrent le tout et dansèrent sur l’établi.
– Nous qui sommes si riches et distingués, nous n’avons plus besoin d’être cordonniers, chantèrent-ils.
Ils sautillaient et bondissaient en tous sens et s’amusaient beaucoup.
Après une petite demi-heure, ils disparurent riant et sautillant derrière la plinthe, sans avoir travaillé le cuir des chaussures.
Par la suite, le cordonnier et sa femme ne revirent plus jamais les nains.
Depuis ce jour-là, le cordonnier recommença à confectionner lui-même ses chaussures. Cela ne lui semblait pas grave. Après tout, c’était son métier! Il trouvait même cela agréable et les gens venaient de partout acheter ses chaussures.

 

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Le cordonnier et sa femme coulèrent des jours heureux. Cependant, ils n’oublièrent jamais l’aide des deux nains. Voilà pourquoi ils aidèrent souvent les pauvres habitants de leur ville. Si quelqu’un trouvait cela étrange, ils répondaient gaiement qu’ils étaient heureux de pouvoir aider les pauvres gens, mais personne ne sut jamais ce qu’ils voulaient dire!

Grimm

Conte allemand

source : https://feeclochette.chez.com/

 

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1 Comment

  1. Belle histoire. Merci à toi

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