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Yudhishtira le sage

Yudhishtira est l’un des héros du Mahabarata, ce conte épique hindou qui relate le commencement de l’Histoire des Dieux et des hommes. Il était le fils de Yama, le premier homme, seigneur de la vertu et souverain du royaume de la mort. Calme, pondéré dans ses jugements, incorruptible, Yudhishtira est considéré le plus juste et le plus sage des hommes.

Un jour, Dharma, le père de l’humanité, apparu devant lui sous la forme d’un lutin et l’interrogea ainsi :

 

— Qu’est-ce qui est plus léger que le vent ?

— L’esprit est plus léger que le vent.

— Qu’est-ce qui est plus prolifique que l’herbe des champs ?

— Il y a plus de pensées qui naissent et disparaissent dans l’esprit d’un homme que d’herbe dans les champs.

— Quelle est la seule véritable ascèse ?

— La maîtrise de l’esprit.

— Quel est le plus haut refuge de la vertu ?

— La générosité.

— Quel est l’abri le plus sûr de la renommée ?

— La bonté est l’abri le plus sûr de la renommée.

— Quel est l’abri le plus sûr de la pensée ?

— La vérité.

— Et du bonheur, quel est l’abri sûr ?

— La patience.

— Qu’est-ce que la patience ?

— Dompter ses sens et ses désirs conduit à la patience.

— De tous les refuges, quel est le plus haut ?

— Le don.

— Qu’est-ce qui, si on y renonce, fait qu’on peut être aimable ?

— L’orgueil, si on y renonce, fait que l’on peut devenir aimable.

— Qu’est-ce que l’orgueil ?

— L’orgueil, c’est croire être l’acteur de sa vie.

— Quel est la nature du pardon ?

— Le pardon va jusqu’à endurer l’hostilité.

— Comment éviter la honte ?

— En s’éloignant de l’acte indigne.

 
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— Dis-moi quel ennemi est invisible ?

— La colère.

— Quelle maladie est la plus difficile à soigner ?

— L’avidité.

— Qu’elle est la cause du chagrin ?

— L’attachement immodéré.

— Quel est le ferment de la souffrance ?

— L’impatience.

— Qu’est-ce que la méchanceté ?

— Regarder le mal plutôt que le bien.

— Qu’est-ce que la compassion ?

— Souhaiter le bonheur de tous les êtres.

— Qu’est-ce que la charité ?

— Protéger toutes les créatures.

— Quel homme peut être considéré malhonnête ?

— Celui qui n’a pas de pitié est malhonnête.

— Qui est l’homme le plus fortuné ?

— L’homme le plus fortuné est celui qui s’est hissé au-dessus du plaisir et de la frustration, du bonheur et du chagrin, du passé et du futur.

— Quel est le meilleur des bonheurs ?

— Le contentement.

— Quelle est la meilleure de toutes les qualités dignes d’être célébrées ?

— La compétence.

— Qu’est-ce que la paresse ?

— Ne pas accomplir son devoir.

— Qu’est-ce que le devoir ?

— Faire ce qu’on a à faire du mieux possible sans attendre le résultat de l’acte, insensible à ses fruits, égal dans le succès comme dans l’échec. Dans l’action, agir sans attachement pour l’objet ni pour l’acte, en laissant les choses dans leur virginité et leur anonymat.

— Quel est le plus premier de tous les devoirs ?

— S’abstenir de nuire à quiconque est le premier de tous les devoirs.

— A quoi faut-il renoncer pour n’avoir aucun regret ?

— Si on renonce à l’espoir on ne le regrette pas.

— Qu’est-ce que la tranquillité ?

— La maîtrise des émotions.

— Comment maîtriser les émotions ?

— En s’abstenant de juger les événements, demeurant ferme dans la vision de l’unité au sein de la dualité. Là, plaisirs et déplaisirs, chaud et froid, orgueil et humilité sont les deux faces d’un même phénomène.

— Qu’est-ce que la simplicité ?

— L’équanimité est parfaitement simple. Elle voit du même œil l’or, la terre et la pierre. Elle pose un même regard sur le saint, le chien et le mangeur de chien.

— Quel renoncement a le plus de valeur ?

— Le renoncement au désir. Parce que le désir est ce qui donne de la valeur.

— Quelle est la nature essentielle du désir ?

— Les désirs ont les idées pour origine, et les idées naissent dans la pensée. Quand on maîtrise la pensée, on maîtrise les sens. On peut alors résolument rester en soi.

— Quelle est la véritable propreté ?

— La propreté c’est, prenant son bain, se laver aussi l’esprit de ses impuretés.

— Quelle est la cause de la souffrance ?

— L’illusion.

— Qu’est-ce que l’illusion ?

— Les formes et les désirs tissent les apparences. Le réel est au-delà.

— Qu’est-ce qui est réel en ce monde ?

— Ni ceci ni cela. L’au-delà de l’espace et du temps. L’au-delà de la forme et du nom, car le sans-forme est impérissable.

— Qu’est-ce qui, si on l’oublie, conduit à l’égarement ?

— Oublier que tout est un seul être.

— Quelle possession a le plus de valeur ?

— La connaissance.

— Qu’elle est la véritable connaissance ?

— La conscience qui a la conscience pour objet.

— Qu’est-ce qui conduit à la connaissance ?

— L’immobilité. La conscience est le sacrifice et la conscience est l’offrande. La conscience est ce à quoi cela advient. Le feu de la connaissance réduit tout en cendres. L’immortel est dans les restes du sacrifice.

— Dans l’action qu’est-ce qui demeure immobile ?

— L’action dans le corps, le non-agir dans l’esprit.

— Quelle est la meilleure religion ?

— La meilleure religion est celle qui conduit les hommes à se libérer de la peur.

— Qu’est-ce que la Voie ?

— Ceux qui sont bons la montrent.

— Quelle est la Voie juste ?

— Les textes sacrés sont tous différents les uns des autres. Il n’existe pas un seul prophète dont on puisse considérer l’opinion infaillible. Sur la religion et la morale, la vérité est cachée dans la solitude et le silence. C’est là qu’avec les grands sages on peut méditer la Voie juste.

 

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